Pour la bonne prise en charge des personnes avec autisme en Algérie, les professionnels du médico-psycho-social doivent se baser sur les connaissances les plus récentes, validées scientifiquement. Plusieurs autorités de santé de référence dans le monde ont formulé des recommandations pour guider le praticien et le patient vers les soins les plus appropriés. Ces recommandations doivent cependant être mises en pratique en tenant compte du contexte local.
Rappels déontologiques
L’évaluation et la prise en charge multidimensionnelle d’une personne avec autisme nécessitent impérativement une étroite collaboration entre professionnels, ainsi qu’une grande coordination pluridisciplinaire des interventions. Les recommandations ont pour but d’améliorer les pratiques des équipes amenées à mettre en œuvre ces interventions pour évaluer au mieux les besoins et les ressources de l’enfant ou de l’adulte avec autisme. L’objectif est de proposer un projet personnalisé d’interventions coordonnées.
Ces recommandations visent à répondre aux questions suivantes :
- Quels sont les domaines du fonctionnement de l’enfant dans lesquels une évaluation régulière est nécessaire pour appréhender au mieux ses besoins et ses ressources ?
- Quelles interventions proposer en fonction des besoins repérés dans chacun des domaines identifiés ?
- Comment assurer l’organisation optimale des interventions et du parcours de l’enfant ?
Ces recommandations s’adressent principalement aux professionnels de santé et aux professionnels des établissements et services éducatifs et médico-sociaux ayant un contact direct avec des enfants et adolescents avec autisme :
- les médecins, particulièrement les pédopsychiatres et psychiatres, les médecins généralistes, les pédiatres et neuropédiatres, et les médecins de l’Éducation nationale et de la protection maternelle et infantile
- les psychologues
- les éducateurs spécialisés
- les orthophonistes
- les psychomotriciens
- les ergothérapeutes
- les infirmiers
Un consensus mondial sur les recommandations
En tant que professionnel, vous devez vous référer aux recommandations de bonnes pratiques des autorités de santé suivantes.
- Le Comité national intersectoriel de l’autisme (CNIA) algérien. Installé depuis 2016, il construit des recommandations adaptées et coordonne leur publication sur ce site.
- La Haute Autorité de Santé (France)
- Le KCE (Belgique)
- NICE (Royaume-Uni) (ressources en anglais)
- SIGN (Écosse) (ressources en anglais)
- Le Comité de coordination américain interagences (ressources en anglais)
Autisme et recherche
La recherche sur l’autisme avance tous les ans et les recommandations sont susceptibles d’évoluer à la lumière de nouvelles découvertes. Il est donc impératif de s’informer régulièrement en consultant les sites de référence et de se former aux nouvelles recommandations dès qu’elles sont publiées.
En savoir plus sur la recherche
L’implémentation des bonnes pratiques en Algérie
Le contexte algérien est marqué par un certain nombre de facteurs limitants :
- La santé mentale des enfants et des adolescents est une discipline nouvelle avec un dispositif institutionnel et réglementaire encore peu développé.
- Le plan national algérien sur l’autisme est encore en construction, avec les conséquences que cela implique au plan budgétaire, programmatique et réglementaire.
- Les associations de parents sont encore trop peu dotées en moyens, en formation et surtout en mutualisation de leurs actions.
- Les professionnels de l’ensemble des secteurs qui interviennent dans la prise en charge des personnes avec autisme manquent de formation qualifiante dans leur domaine d’intervention respectif.
- Les institutions formatrices (universités et instituts) n’ont pas encore intégré l’autisme dans les formations théoriques de base. Il n’existe pas de département de psychologie comportementale, développementale ou de neuropsychologie dans les facultés de psychologie et de médecine.
Le Comité national intersectoriel de l’autisme œuvre pour arriver, à terme, à créer les conditions pour une réelle implémentation des recommandations en Algérie. Ceci nécessite :
- La création d’un organisme de formateurs nationaux accrédités et certifiés qui vont dispenser des formations dans tous les domaines : dépistage, diagnostic et évaluation, prise en charge, accompagnement, communication, élaboration et suivi de projet thérapeutique individualisé et intégré.
- La mise en place d’un programme de formation pour tous les personnels de tous les secteurs dans les domaines du dépistage, du diagnostic, de l’évaluation, des prises en charge éducatives et de l’accompagnement. Il sera élaboré par le CNIA qui cherchera à mobiliser les ressources financières afin de le réaliser par des formateurs nationaux avec l’appui d’experts internationaux.
- Le plaidoyer pour la création de modules de clinique et de neuropsychologie liés à l’autisme pour les formations diplômantes des différents professionnels. À plus long terme, il faudra envisager la création de départements de neuropsychologie, de sciences du comportement et de psychologie développementale.
- La création, au niveau du CNIA, d’une instance dotée de prérogatives d’accréditation suivantes :
- formuler des recommandations adaptées au contexte local en se basant sur les recommandations internationales ;
- appeler les personnels, les institutions et les établissements qui offrent des services aux personnes avec autisme et à leurs familles à appliquer sans contraintes les recommandations pour bénéficier d’une accréditation. Les professionnels et institutions publiques et privées qui sont accréditées et qui se font superviser pourront avoir en retour des bonifications ou des avantages (bénéfice de conventions avec les caisses de sécurité sociale, priorité et financements pour les formations, équipements spécifiques, etc.).
- L’élaboration des textes réglementaires qui déterminent les modalités d’intervention des différents professionnels et organisent le parcours des personnes avec autisme et de leurs familles.
- L’augmentation de l’offre publique et privée des services et des soins médico-psychologiques et éducatifs.
- Le renforcement du nombre, de la qualité des interventions et de la coordination des associations de parents.