« J’avais déjà un enfant et j’ai donc rapidement su que Lokmane était différent. À 9 mois, il fuyait le regard et préférait rester seul. Il ne jouait pas avec son frère et pouvait rester des heures le front collé à la fenêtre. À chaque fois, les pédiatres nous disaient qu’il était normal et qu’il ne fallait pas nous inquiéter. Ce n’est qu’à 7 ans que Lokmane a enfin été diagnostiqué comme ayant un autisme sévère par un pédopsychiatre formé à l’autisme. Après le diagnostic, il a été impossible de trouver des structures pouvant l’accueillir.
Dans les années 1990, par ignorance et par peur, les professionnels refusaient de prendre en charge nos enfants. Certains évitaient même tout contact avec eux comme si l’autisme était une maladie contagieuse ! C’est pour ça que nous avons créé une association qui accueille et accompagne des enfants avec autisme. Le but est aussi d’aider les parents qui accompagnent leurs enfants au quotidien. Et puis d’informer, c’est important que les gens connaissent l’autisme pour s’alerter et savoir qui aller voir. Moi, je le sais aujourd’hui : les handicaps de mon fils ne se seraient sans doute pas développés autant s’il avait été pris en charge plus tôt. Pour mon fils, c’est trop tard, il n’a pas été diagnostiqué assez vite. Mais je veux aider les autres, ceux qui sont enfants, et puis leurs parents aussi, parce que c’est difficile. Mon expérience avec Lokmane peut leur servir. »
Badia Boufama, 63 ans, mère de Lokmane, diagnostiqué à 7 ans avec autisme sévère